LE BON USAGE DU SUBUTEX (Buprénorphine)

Publié le par docteur mailler

LE BON USAGE DU SUBUTEX (Buprénorphine)

Une substance psycho-active est une substance :

- qui modifie les perceptions et l’état de conscience

- qui a un effet addictogène

- qui est nocive et toxique de façon immédiate ou différée.

230 000 usagers réguliers d’opiacés, de cocaïnes, d’amphétamines ont une consommation qualifiée de problématique en France.

Ces personnes sont souvent marquées par la précarité, des affections psychiatriques, et un usage de multiples substances : opiacés, traitements de substitution dans un cadre thérapeutique ou non, cocaïne, crack, somnifères, anxiolytiques, alcool, cannabis, Kétamine.

Il existe de plus en plus de consommateurs insérés socialement et répartis dans tout le pays, notamment à cause de micro-trafics et l’achat sur internet.

104 000 personnes ont eu une prescription de buprénorphine en 2007 avec environ 12% d’usage détourné.

Ne pas oublier de dépister le VIH (6 à 8%) et surtout le VHC (40 à 50%).

Les décès par surdose sont en augmentation.

Le SUBUTEX permet de traiter pharmacologiquement le phénomène de dépendance, il ne se substitue pas réellement à l’héroïne.

Il permet l’abstinence et de rester abstinent, il n’y a pas d’effet Flash, il offre une longue durée d’action d’environ 24 heures sans risque d’euphorie.

L’objectif du traitement est de traiter le manque, de diminuer le besoin de consommer (craving) et de prendre en charge le patient de façon globale ( dimension somatique, psychologique et social) dans un contexte d’engagement réciproque entre le thérapeute et le patient.

La prescription est réservée à l’adulte et l’adolescent de plus de 15 ans volontaire pour recevoir le traitement. Elle se fait sur une ordonnance sécurisée, limitée à 28 jours, la délivrance par la pharmacie est fractionnée tous les 7 jour et sur l’ordonnance, doit être mentionné le nom de la pharmacie.

Il existe 3 étapes dans le traitement par SUBUTEX :

A - L’INDUCTION

Avant la mise en route d’un traitement, il est conseillé de faire une évaluation globale de l’état de santé du patient.

Un bilan biologique peut être prescrit : NFS, plaquettes, VS, Créatininémie, Bilan hépatique, Sérologies VHB VHC VIH1 et 2 TPHA VDRL, qu’on peut compléter avec une radiographie pulmonaire, une IDR, une recherche de protéinurie ou d’hématurie ; voire un examen gynécologique avec prélèvements (chlamydiose…) chez les femmes.

Une recherche urinaire de produits opiacés : morphine, héroïne, opium, codéine, pholcodine, méthadone.

La posologie initiale est de 0,8 à 4 mg/j en une prise sublinguale.

La première prise doit intervenir 4 heures après la dernière prise de stupéfiant ou des l’apparition des premiers signes de manque.

En cas de relais avec la méthadone, il faut d’abord réduire la dose de méthadone à un maximum de 30 mg/j.

Les signes de manque sont en premier lieu : l’anxiété, la rhinorrhée, l’hypersialorrhée, le larmoiement, l’irritabilité, l’hypersudation…puis en second lieu : une mydriase, une pilo-érection, des frissons, des tremblements, sensations de chaud et froid, une anorexie, un malaise général, une anxièté croissante, un syndrome pseudo-grippal…

Il est parfois nécessaire d’augmenter les posologies au cours du premier mois de traitement. La posologie moyenne est de 8 mg/j avec un maximum à 16 mg/j.

Attention, l’association avec les benzodiazépines est à éviter (décès possible par dépression respiratoire).

B- LA STABILISATION

Le patient prend régulièrement une dose stable de médicament de substitution, n’a plus de craving et ne consomme plus de manière significative d’autres substances psycho-actives.

Le Subutex doit être pris une fois par jour par voie sub-linguale avec un temps de dissolution compris entre 5 et 10 minutes.

Le fractionnement de la prise par le patient peut traduire une pratique addictive, telle que l’injection ou les consommations annexes.

La monoprise est garante d’une stabilisation du patient avec l’évitement au cours de la journée d’alternance d’effets euphorisant/manque.

En cas de difficulté pour obtenir une stabilisation, il est recommandé de rapprocher les consultations et éventuellement de solliciter l’avis d’un addictologue.

C- L’ARRET

Le traitement est prescrit dans le long terme sur plusieurs années.

Une diminution progressive après un certain temps est possible soit par une demande du patient lui-même, soit parce que la qualité de vie, l’état physique est favorable

Publié dans PHARMACOLOGIE

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