A PROPOS DES TATOUAGES

Publié le par docteur mailler

Un tatouage se traduit par une substance ou une préparation colorante destinée, par effraction cutanée, à créer une marque sur les parties superficielles du corps humain.

Cette pratique est réglementée pour éviter les risques sur la santé.

La pratique d'un tatouage est interdite sur un mineur sans le consentement écrit d'une personne chargée de l'autorité parentale : parent ou tuteur. Le tatoueur doit être en mesure, pendant 3 ans, de présenter la preuve de ce consentement aux autorités de contrôle.

 

Le professionnel tatoueur doit respecter les règles suivantes :

  • Avoir suivi une formation aux conditions d'hygiène et de salubrité
  • Déclarer son activité auprès du directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS)
  • vous informer avant la réalisation du tatouage des risques auxquels vous vous exposez
  • Vous informer après la réalisation du tatouage des précautions à respecter.

Ces informations sont affichées de manière visible dans le local où ces techniques sont pratiquées et sont remises par écrit aux clients.

Le contenu de l'information que le professionnel doit vous délivrer oralement comporte :

  • Le caractère irréversible des tatouages impliquant une modification corporelle définitive
  • Le caractère éventuellement douloureux des actes
  • Les risques d'infections
  • Les risques allergiques notamment liés aux encres de tatouage
  • Les recherches de contre-indications au geste liées au terrain ou aux traitements en cours
  • Le temps de cicatrisation adapté à la technique qui a été mise en œuvre et les risques cicatriciels
  • Les précautions à respecter après la réalisation des techniques, notamment pour permettre une cicatrisation rapide.

Le professionnel doit réaliser le tatouage exclusivement dans une pièce dédiée à cette opération. Cette pièce ne peut donc pas servir à une autre activité (espace de vente, par exemple).Cette pièce doit être nettoyée tous les jours. Les surfaces utilisées doivent être nettoyées et désinfectées entre chaque client. Le professionnel doit retirer ses bijoux avant la désinfection des mains et porter des gants à usage unique. Les gants sont changés entre 2 clients, et, au minimum, toutes les 2 heures au cours d'une même intervention. Il doit préparer la zone à tatouer en utilisant un antiseptique. Un protocole de stérilisation du matériel doit être respecté.

Le tatouage se réalise donc  par introduction de pigments ou de colorants exogène dans le derme.

Ne pas oublier qu’un maquillage permanent est également un tatouage.

 

Quelles sont les complications possibles de se faire un tatouage ?

La première complication d’un tatouage est avant tout psychologique avec un tatouage raté, décevant, impulsif voire même forcé (alcool…).

 

La complication aigue la plus fréquente est  une réaction inflammatoire locale. Les saignements sont en général légers et transitoires. Les hématomes sont rares. Penser à l’eczéma de contact en cas d’application d’un topique cicatrisant. Les infections cutanées sont précoces, liées à un manque d’asepsie ou d’hygiène pendant la séance ou la cicatrisation. Les septicémies (terrains d’immunosuppression), les contaminations par le VIH (milieu carcéral, partage d’aiguilles ) sont rares. Des contaminations par mycobactéries sont possibles en cas d’utilisation d’eau de robinet pour diluer l’encre par exemple. Le traitement se fait par antibiothérapie (cyclines ou macrolides). Des cas d’efflorescence de verrues, de molluscum contagiosum ont été rapportés ainsi que des cas d’endocardites aigues (terrain de cardiopathies).

 

Une diffusion de la couleur à l’hypoderme est possible sur des zones de peau claire. le terme « Tattoo blowout » fait référence à cette diffusion au plus profond de l’hypoderme. Le blowout se présente comme un halo de couleur, asymptomatique, permanent et flou autour du tatouage. Il est rapidement visible après le tatouage, mais on le confond d’abord avec un hématome. Les patients sont le plus souvent des jeunes femmes, avec une peau claire. Les tatouages sont principalement situés sur les membres supérieurs dans plus de 80 % des cas, soit sur la face interne du bras, soit sur l’avant-bras. Les couleurs concernées sont le noir, parfois le bleu et le vert.

 

L’hypersensibilité aux colorants est le phare des complications des tatouages. Ces réactions allergiques sont imprévisibles, mais surviennent souvent avec la couleur rouge. Une éruption cutanée sur un tatouage, principalement de couleur noir, peut révéler parfois une sarcoïdose systémique.  Le prélèvement est indispensable afin de la rechercher. Le traitement de l’hypersensibilité se base sur des dermocorticoïdes de très forte activité, des infiltrations locales de corticoïdes, l’exérèse chirurgicale, la destruction par laser.

 

Pour les tumeurs, seul le kérato-acanthome est retenu à ce jour. Il est de malignité intermédiaire et on en pratique alors son exérèse chirurgical.

Un mélanome peut se développer de novo au sein de tatouage, ce qui de fait peut retarder son diagnostic. La migration des pigments dans les ganglions lymphatiques régionaux fait porter à tord parfois le diagnostic de métastase ganglionnaire de mélanome.

Un tatouage doit toujours être mentionné en cas de biopsie ou de curage ganglionnaire.

 

Les dermatoses chroniques sont possibles également sur le site tatoué (phénomène de Koebner : correspondant à la reproduction, dans les suites d'un traumatisme, d'une dermatose préexistante sur une zone de peau saine).

L’imagerie médicale peut être impactée par la présence d’un tatouage : artéfacts, picotements, brulures lors d’un IRM,de fausses fixations ganglionnaires au TEP Scann…

A noter que l’épilation laser sur un tatouage est impossible  en raison du risque de brûlures !

En cas de réaction chronique, une biopsie cutanée est indispensable !

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